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J’aurais voulu l’inventer : le Sheep Poo Paper

Je vous préviens tout de suite… C’est probablement mon invention favorite de ces dernières années !
Si je pouvais remonter le temps et tout plaquer pour créer un produit, ce serait certainement celui là !

Bon, les plus anglophiles auront compris de quoi il s’agit. Pour les autres, je traduis : le Sheep Poo Paper est littéralement du Papier de Crotte de Mouton.

C’est lors d’un week end improvisé au Pays de Galles que j’ai découvert ce produit improbable. Le pays est bien sûr riche en matière première, ce qui est un premier point important.

Il est donc possible d’innover local… Ici, la matière première est abondante, encombrante même et pour la majeure partie inutile. Dans un pays où il y a plus de moutons que d’habitants, pourquoi ne pas réutiliser la crotte de mouton pour la valoriser ? Je cherche encore la raison qui a poussé ses créateurs à en faire du papier plutôt que de l’engrais ou une source d’énergie… mais l’idée est juste brillante.

Comme vous le savez, les moutons mangent de l’herbe (bien grasse en l’occurrence) et leur organisme le digère lentement… A la sortie, vous avez un produit riche en fibres végétales. Et les fibres, c’est justement ce qui sert à fabriquer du papier. Comme les types sont intelligents, ils ont étudié toute la chaine de fabrication pour rendre chaque processus le plus écolo possible (sinon, les moutons se vengeraient !). Une fois le papier mis en forme, il n’y a plus qu’à en faire des objets rigolos pour que le sourire des gens qui découvrent le produit se transforme en acte d’achat. Il y a donc des ramettes de papier, du papier cadeau, mais aussi des petit moutons odorants à pendouiller dans la voiture. C’est le must ! Un produit qui sent bon fabriqué à base de crotte de mouton… Qui dit mieux ?

Sheep Poo Paper

Le produit est donc extrêmement surprenant, mais sa réussite doit surtout au fait que les créateurs ont réussi à en faire quelque chose de fun. Une mascotte adorable, une approche résolument écolo et même la construction d’un canoë en Sheep Poo Paper pour traverser la Manche !

Tous les ingrédients sont réunis (si vous me permettez l’expression) pour cartonner (again…) et je souhaite vraiment longue vie au Papier de Crotte de Mouton ! D’ailleurs, il a déjà fait des petits puisque pour Noël, un Reindeer Poo Paper a été créé pour l’occasion !

Plus d’infos sur le site officiel : http://www.creativepaperwales.co.uk/

Pour résumer :
– Innovation locale
– Utilisation de matière première abondante et gratuite
– Produit qui surprend et intrigue (est-ce que ça sent mauvais ? je veux toucher pour voir !! – c’est très doux d’ailleurs ! – )
– Une entreprise qui joue la carte du fun et de l’écolo

Qui veut son Sheep Poo Paper ?

J’aurais voulu l’inventer : le canoë transparent

Petit rappel d’innovation à la sauce Sylvain (c’est à dire, pas avec les définitions officielles !)

Innovation incrémentale : une innovation « logique » où un élément constitutif du produit est amélioré, où l’on ne modifie qu’une fonction du produit. Exemple : après le rasoir 3 lames, quel va être le prochain produit de chez Gilette ? Bingo ! 4 lames… innovation incrémentale donc. Globalement, c’est une stratégie peu risquée car l’image de la marque ne change pas, il n’y a pas beaucoup de frais de R&D ou de changement de la chaîne de production.

Innovation de rupture : c’est quand le nouveau produit est inattendu. Il représente un saut, une avancée soudaine dans son domaine. C’est évidemment plus risqué, mais si le produit rencontre son marché, il y a généralement plus de retombées. Exemple : le CD, qui a succédé aux cassettes audio. Le caractère hautement risqué de ces innovations fait qu’elles n’apparaissent généralement pas dans des grandes entreprises, avec une image forte et bien assise. C’est la chance des petites entreprises (ou même des entreprises sur le déclin, qui s’offrent parfois un rebond extraordinaire), qui n’ont rien à perdre.

Causons un peu du canoë transparent maintenant… Tout d’abord, le voici :

Canoe transparentIl n’y a pas grand chose à dire sur le produit en lui- même… les images parlent d’elles- mêmes. C’est juste excellent. J’adorerais faire un trip de plusieurs jours en canoë, en pleine nature… Alors si en plus on peut voir au travers… je signe tout de suite !

Alors, vous en pensez quoi ? Innovation incrémentale ou de rupture ? Pas facile, hein ? Je dirais plutôt de rupture dans la mesure où en regardant n’importe quel canoë actuel, l’idée ne saute pas aux yeux. Par ailleurs, si à première vue, l’innovation porte sur une seule dimension (la matière / design), à l’usage, il s’agit bien d’une toute nouvelle expérience.

Une technique de créativité bien connue consiste à modifier une dimension du produit à la fois pour faire émerger de nouvelles idées. « Et si le canoë était minuscule ? », « Et si le canoë était très très lourd ? », « Et si le canoë était transparent ? »…

Voilà, c’est tout… c’est tellement cool que c’est quelque chose que j’aurais vraiment voulu inventer… Et en plus, en me penchant sur la question du canoë, c’est certainement une idée qui me serait venue à l’esprit durant une séance de créativité. Non, en fait, vous savez ce qui serait encore plus cool ?

Un kayak transparent ET PLIABLE (il tient dans un sac à dos !) :

Kayak transparent

J’aurais voulu l’inventer : le Post-it

Post-it de couleurs

Grand classique des cours d’innovation, l’histoire du Post-it et de l’entreprise 3M qui l’a commercialisé n’en sont pas moins passionnants.

3M a connu son premier succès commercial grâce au scotch, dans les années 1920. Tout en se focalisant toujours autour des rubans et des colles, la société se diversifie avec le temps, avec les bandes d’enregistrement pendant la seconde guerre mondiale ou encore la surface abrasive Scotch-brite en 1950. Ce qui n’a jamais changé : des chercheurs qui travaillent sans application industrielle en tête… Ils découvrent alors des matériaux aux propriétés nouvelles et en trouvent ensuite des applications pratiques. Quelque part, c’est un peu comme la recherche fondamentale face à la recherche appliquée : on ne sait pas aujourd’hui ce que ça va nous apporter, mais on peut être certain que les plus grands bouleversements de demain viendront de là… (aujourd’hui déjà, le photovoltaique, le GPS ou encore internet découlent directement de la recherche fondamentale).

Peut-on d’ailleurs généraliser et dire que la recherche appliquée ne peut qu’aboutir à de l’innovation incrémentale et que la recherche fondamentale peut amener à de l’innovation de rupture ? Bon, je m’écarte de mon Post-it là…

Le Post-it, justement… pas étonnant dans ce contexte d’entreprise que lorsqu’un chercheur découvre, en 1970, un adhésif qui se colle et se décolle à l’infini sans laisser de trace, ils aient inventé le Post-it ! Et pourtant, il aura fallu qu’un des collègues dudit chercheur utilise sa colle pour créer des marques pages pour ses partitions de chorale, puis qu’il parvienne à convaincre les responsables de 3M que ce produit avait de l’avenir, et enfin développer et industrialiser le produit pour une sortie… 10 ans plus tard, en 1980.

Même si il est a priori difficile d’identifier ce qui a germé dans l’esprit de ce chanteur de chorale d’utiliser cette colle sur de petits bouts de papier, en réalité, c’était plus probable que cela arrive chez 3M qu’ailleurs. Cette entreprise a toujours placé l’innovation et la créativité au coeur de son métier : ils déposent actuellement près de 600 brevets chaque année et sont réputés pour avoir très tôt utilisé les « sorties créatives » ou comment donner une journée complète à tous ses employés pour les lâcher dans la nature à la recherche d’idées nouvelles…

Et vous, peut être avez-vous une idée Post-it qui dort dans votre entreprise ? Faites-vous tout ce qui est possible pour ne pas passer à côté ?

J’aurais voulu l’inventer : la glace Ben & Jerry’s

Ben & Jerry’s, pour ceux qui ne connaitraient pas (et qui du coup manquent quelque chose de grand !), c’est de la glace en pot. Quoi ? C’est tout ? Oui, mais attendez, je ne vous ai pas tout dit.

Ma première expérience de Ben & Jerry’s remonte à peu de temps… Bien que la marque existe depuis 1978 aux USA, elle n’est arrivée dans les grandes surfaces françaises qu’en 2007. Un copain qui revient des États Unis me dit que c’est dément et qu’il faut que j’essaie… remarquez comme le vocabulaire, sorti du contexte, peut porter à confusion quant à la nature addictive du produit !
A cette époque, les industriels cherchent à inventer des goûts tarabiscottés et à les mettre en arômes dans les yaourts ou dans les glaces allégés au possible et c’est également le moment où ils essaient de mettre un minimum de produit dans des gros emballages (si vous mangez souvent du fromage râpé, vous voyez de quoi je parle).
Bref, revenons à notre histoire. J’ouvre le pot et je constate – avec des étincelles dans les yeux – qu’il est plein à ras bord. En fait, il déborde, il y a de la glace au dessus du bord ! Eh bein, ils ne se fouttent pas de nous chez Ben & Jerry’s ! Et puis dès les premiers coups de cuiller, on tombe sur des morceaux… des morceaux de pâte à cookies pas cuite et surtout des morceaux ENORMES ! Bon, je creuse autour et le déguste plus tard… On retrouve alors tout le plaisir de la pâte à gâteau que l’on déguste du doigt avant de la mettre à cuire ! C’est très gras et sucré, c’est plein de calories, mais c’est justement ce qui fait la force du produit : c’est de la glace pour se faire plaisir !!! Et comme émotionnellement, on est également touché (pour les raisons citées ci dessus), on devient accro… Et voilà, l’affaire est bouclée !

Pour couronner le tout, les ingrédients sont estampillés commerce équitable, le chocolat est délicieux et ils jouent sur cette image locale de la ferme du Vermont où ils ont fait leurs classes… Alors si en plus on a bonne conscience…
Et enfin, les types sont sympa, ils offrent des glaces à tout le monde une fois par an dans tous les États Unis histoire de montrer que c’est cool de manger des glaces Ben & Jerry’s !

Voilà, pas vraiment besoin de vous expliquer pourquoi j’aurais voulu inventer cette marque de glaces : contrepied parfait du leader de la glace aux USA à cette époque. Haagen Dazs (qui est américain pure souche… si si !), mise alors sur la santé, sur un produit nature et tranquille. Les deux loustics arrivent et jouent la carte de l’abondance, de l’excès et du plaisir, ce qui correspond parfaitement au produit « crème glacée ». Ils talonnent aujourd’hui Haagen Dazs avec près d’un tiers de part de marché.

J’aurais voulu l’inventer : Aquasensor

Kezako Aquasensor ?

Rien de moins que le produit phare d’une marque qui fut la PME la plus rentable de France en 2006 ! Cette entreprise, c’est MG International… Ça ne vous dit rien non plus ?

Bon, petite remise dans le contexte : en 2006, une loi entre en vigueur en France, obligeant tous les propriétaires de piscines privées à s’équiper d’un système de clôture ou d’alarme afin de diminuer le nombre de noyades d’enfants. A cette époque, vous avez alors le choix entre entourer votre paradis bleu d’une barrière ou d’un grillage, nécessitant des heures de travail, un coût non négligeable et une dégradation visuelle évidente ou d’autre part, des poteaux disgracieux, à sceller aux quatre coins de la piscine qui fonctionnent avec des super lasers détecteurs de passage et là aussi, c’est très cher…

Ces solutions étaient vraiment logiques : pour empêcher les enfants de se noyer, il faut empêcher les enfants de s’approcher de la piscine.

MG International a simplement appliqué deux règles fondamentales de l’innovation :

  • Penser en dehors du moule : être créatif et ne pas chercher la réponse à une question posée par quelqu’un d’autre mais d’abord définir quel est la vraie source du problème. Ici : ne pas chercher à empêcher l’accès à la piscine, mais plutôt à empêcher la noyade. Autre opportunité : la plupart des gens qui ont une piscine considèrent cette loi comme une contrainte et veulent donc dépenser un minimum d’argent pour juste « être conforme à la loi ».
  • Faire de la veille et dans le cas présent, de la veille juridique. Savoir le plus tôt possible les opportunités qui vont s’offrir à vous vous permet d’anticiper au maximum et de sortir le produit au meilleur moment, c’est à dire lorsque tout le monde parle de cette nouvelle loi (stupide ? inutile ?)…

Le produit Aquasensor était alors déjà breveté, fabriqué et ne demandait plus qu’à être acheté en masse.
Au fait, pour ceux qui n’ont jamais vu ce produit auparavant, il est basé sur le principe tout bête de détection des vagues. Si un objet ou un humain tombe dans l’eau, cela crée des vaguelettes, faciles à détecter, et qui enclenchent une alarme. La solution devient alors extra simple : un boitier en plastique, une sonde de niveau, un petit circuit électronique, le tout fonctionnant sur batteries. Très discret, léger, transportable… d’un coup, tous les autres produits deviennent obsolètes et comme en plus, celui-ci ne coûte pas grand chose à produire en comparaison des concurrents, ils se sont accordé une marge très confortable. CQFD.

J’aurais voulu l’inventer : la seedbomb

Ça vous dirait de rendre votre ville plus verte ?

Et si en plus, c’était fun et écolo !?!

Alors n’attendez plus et balancez une seedbomb !!

Un peu comme on voudrait balancer un pot de peinture pour repeindre son mur, il est désormais possible de « repeindre » la ville en vert en lançant des seedbombs, sortes de boules de terre, d’engrais et de graines. On les envoie dans une partie un peu trop grise de la ville et elle fait pousser de la verdure.

Comme c’est vraiment fun, ils ont rajouté une touche sociale sur leur site internet et en plus de connaitre les points de vente, on peut aussi visualiser des « zones grises » à reverdir ainsi que les endroits où des seedbombs ont déjà été lancées…

Je ne suis pas convaincu que le business soit rentable, mais ce n’est clairement pas le but de toutes façons… c’est une sorte de militantisme écolo qui ne fait de mal à personne et qui fait du bruit si on en parle. C’est pour cela qu’il s’agit d’un produit que j’aurais bien voulu inventer !